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Oser le dire...


aquarelle, encre et collage "l'anxiété" (2016)

J’ai tant hésité à écrire sur le sujet… ça fait plusieurs jours que ça mijote et m’interpelle. Aujourd’hui, 25 janvier, est la journée #BellCause, une cause importante, une initiative remarquable qui me tient particulièrement à cœur. Alors pourquoi hésiter ? Parce que c’est mon histoire personnelle ? parce que je suis à mon compte et que j’ai peur du jugement, que cela me nuise ? Et bien justement il faut briser les tabous, arrêter d’avoir peur et en parler. Alors je me lance…


2016 fût une année d’éclosion. La fatigue intense s’est fait ressentir dès l’automne 2015. Ayant déjà fait un épuisement, j’ai décidé d’être raisonnable et de ralentir, de prendre décembre et janvier pour me reposer. Mais 2016 débuta avec une fatigue intense, beaucoup d’anxiété et une tristesse immense, plus grande que moi et dont j’étais incapable d’identifier la source. Du « spin » permanent je suis passée à un état d’anxiété intense et diffuse, le piton collé à « panique en la demeure » sans être capable de savoir le pourquoi, la cause, qu’est ce qui me stressait autant… je n’en avais plus aucune idée. J’étais simplement épuisée autant physiquement que mentalement. Je n’avais qu’une envie; dormir sans fin, rester en boule, inactive. Je suis allée voir le médecin qui m’a diagnostiqué un trouble anxieux, sans m’en dire plus… Je ne comprenais pas, pour moi un trouble anxieux était beaucoup plus grave et paralysant que ce que moi je vivais. J’ai demandé à mon médecin de me prescrire une consultation au CLSC pour une évaluation psychiatrique, ce qui m’a aidé car je me suis sentie comprise. Je suis aussi aller en hypnose pour soulager l’anxiété, ce fût très aidant. Mais la fatigue revenait toujours, normal elle ne peut disparaître si vite alors qu’elle a mis des années à s’installer. Suite à la consultation on m’a recommandé la prise de médicament. Je ne trippe vraiment pas médicaments mais bon il faut ce qu’il faut et j’étais consciente que lors de mon premier épuisement, 5 ans auparavant, ça m’avait grandement aidé à sortir la tête de l’eau et donné le recul nécessaire pour aller mieux.


Puis vint, avec la médication, le diagnostic ; trouble anxieux avec état dépressif et trouble d’adaptation. Un beau cercle vicieux : la fille est max anxieuse et quand elle doit gérer la moindre petite situation, décision etc. elle se sent totalement incapable, l’anxiété monte et l’état dépressif embarque : l’enfer !


Alors j’ai fait ce qu’il faut dans la mesure de mes capacités ; je me suis reposée, j’ai marché le plus souvent possible, j’ai consulté une psychologue, continué l’hypnose, eu la chance de recevoir quelques traitement de reiki et d’ostéopathie, cultivé la gratitude et la joie dans ma vie petit à petit en méditant, en lisant pour m’inspirer et m’imprégner de pensées positives (heureusement assez de concentration pour en être capable ce qui n’est pas toujours le cas dans ces situations). J’ai aussi accepter d’être douce avec moi, de mettre sur la glace plusieurs projets, de toute façon je n’avais aucune motivation, aucune énergie pour faire quoi que ce soit. Jamais passé autant de temps dans le divan et en pyjama ! Il a fallut aussi que je fasse des choix, que je sois honnête avec moi-même et que je choisisse de quitter les situations qui ne me convenait plus ce qui fut très difficile car chaque choix amène aussi sa part de deuils.


J’ai beaucoup de chance d’avoir un conjoint aussi formidable, une famille et des amies qui furent présents, patients et très compréhensifs mais malgré cela je me suis sentie toujours très seule et consciente de comment cela devait être difficile pour eux de me voir aussi léthargique… mais j’étais prise dans ma bulle incapable bien souvent d’en parler.


Les mois ont passés, de plus de 60 à 80 heures/semaine à travailler régulièrement en 2015, je suis tombée au stricte minimum (pas de véritable arrêt quand on est travailleur automome, désolée ! ) et depuis quelques mois à un horaire très équilibré qui me convient parfaitement. La TDA en moi a appris à structurer mieux son temps, la passionnée en moi a appris à dire non, à revoir et mettre ses objectifs sur la glace pour un temps, l’ambitieuse en moi a appris à écouter ses besoins et ralentir et la douceur en moi s’est fait de plus en plus accepter, a pris de plus en plus de place.


Doucement les idées, les projets se sont remis à fleurir mais la fatigue demeurait, incapable de faire ce que ma tête avait envie de créer. Doucement les deuils des choix, des coupures se sont cicatrisés. Doucement la vie m’a envoyé des messages et de nouvelles personnes pour partager ce que je voulais vivre comme relations.


L’automne s’est repointé me laissant toujours à plat. Etre douce, être patiente j’en avais marre ! Mais mon corps, mon âme avait encore besoin d’être au neutre. Je me devais de l’accepter. Et si c’était lourd pour moi je n’ose imaginer pour ceux qui m’entoure. Pauvres eux … Mais la vie continue, on doit gagner sa vie alors j’ai fait le minimum et seulement ce qui me nourrissait, m’apportait de la joie, malgré les conséquences. Si j’arrivais à sortir de chez moi, une fois à l’atelier je me sentais mieux, à ma place et le contact avec les femmes qui suivent mes ateliers est absolument guérisseur, du gros bonheur. Je me suis écouté et j’ai fait confiance à la vie !


2017 arrivait et j’étais pleine d’espoir me disant bon là ça fait un an que tu es sur le cul tu vas finir par remonter, 2016 est derrière toi, tu as de beaux projets, tu es aimée et bien entourée et la vie est somme toute bonne avec toi alors confiance ! Mais non ça n’allait pas mieux du côté énergie, il y a deux semaines je n’aurais pu vous écrire ce texte, la fatigue fut plus intense que jamais en début janvier. J’étais découragée. M’en sortirais-je jamais ??? Puis il y a 10 jours environ je me suis levée un matin et la lourdeur n’était pas aussi présente ! je me suis dit OMG on dirait que j’ai de la joie dans le cœur ce matin ! HALLÉLUIA !!!!! je n’osais y croire … mais 10 jours plus tard c’est toujours le cas ! je suis capable de faire mes journées ( j’ai tendance à exagérer tellement ça fait du bien d’être fonctionnelle mais ouf je paye pour, la fatigue m’assois très vite dès l’après midi). Alors je choisis de garder le rythme où mes avant midis m’appartiennent ; repos, méditation, Qi Gong et marche. Puis l’après midi je gagne mon atelier et j’essaie de ne pas me mettre de pression, de continuer à être douce avec moi.. Et je me garde une journée de congé ! lundi c’est off ! je peux même rester en pyjama si ça me chante ! Aucune obligation. Magique !


J’ai la tête pleine d’idées, de projets et de rêves mais j’y vais lentement et me ramène quand c’est nécessaire. J’ai compris la leçon, du moins je l’espère !! Je suis encore anxieuse mais j’ai recommencé à savoir pourquoi, ce qui pour moi est très bon signe, je peux agir et mieux me calmer. Je suis encore fatiguée mais ça s’en vient ! Mes vitamines aussi font leur travail de soutien ! Mon énergie est plus légère, plus douce et ça fait du bien !!!!!


La santé mentale est une grande richesse, si j’ai choisi de partager ma réalité c’est que je voudrais encourager ceux et celles qui comme moi souffrent d’anxiété sévère, leur donner un peu d’espoir ! 18 mois que j’étais avec le piton collé c’est très épuisant ! mais on finit par en sortir ! Je le fais aussi pour démystifier ce que c’est pour ceux qui vivent avec quelqu’un qui souffre. Oui oui je dit bien SOUFFRE si vous saviez comment c’est souffrant on se sent si démunie, déposséder de sa source de vie, de sa lumière… pas de break ! c’est du 24/24. J’ai beaucoup d’empathie aussi pour ceux qui ont un trouble d’adaptation permanent omg ! ne pas se sentir capable de gérer la moindre décision, la moindre situation c’est vraiment horrible et destructeur… Alors si vous avez la chance d’avoir une bonne santé mentale et bien svp soyez plein de gratitude et prenez soin de vous tout en étant dans la bienveillance pour les autres…


Bienveillance … le mot de l’année 2017 ! c’est ce que je nous souhaite à tous. Envers ceux qui nous entourent et qui souffrent mais aussi envers nous mêmes quand c’est nous qui sommes au prise avec un trouble de santé mentale. La pression sociale est si forte ! tu ne vas pas bien ? ben go prends toi en main ! fonce ! ose ! wo ! un instant ! Une chose à la fois ! Au début c’est impossible de rebondir ! alors on culpabilise, on se sent poche et seul au monde. D’abord il faut conscientiser ce que nous vivons, puis accepter ce qui est, se donner l’espace, le temps et les moyens de guérir, prendre soin de nous puis enfin se relever ! Voilà ma façon de voir les différentes étapes de guérison du trouble anxieux… Si vous l’avez vécu, ça fait du sens pour vous ?


J’ai une phrase qui me guide souvent dans la vie : Agir et ne pas subir. Comme je suis une artiste, ma vie est viscéralement liée à la création. Alors je me suis dit tant qu’à vivre cela je devais mettre cette étape de ma vie, cette expérience au service de mon art. J’ai écrit mes réflexions, j’ai dessiné mes états, peins mes émotions, mes espoirs, ça m’a libérée. Je prépare un corpus sur l’anxiété généralisée, ce trouble qui aura et fait encore partie de ma vie … puisse ce projet aider, sensibiliser et libérer aussi quelqu’un d’autre que moi… en temps et lieux…


Alors oui on s’en sort… il faut être patient… et ne pas l’oublier surtout quand on y croit plus. Cette aventure n’est pas finie pour moi mais je vais mieux … enfin !!! Partager mon histoire ne m’est pas facile mais si cela donne espoir à une seule personne alors cela aura value la peine… Si cela amène une seule personne a demander de l'aide cela aura value la peine... si cela donne l'élan a une seule personne pour oser en parler alors cela aura value la peine... Et si une seule personne qui avait des préjugés comprend mieux alors nous en serons tous gagnants...



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